À rebours

Sortie de résidence
du 16 septembre au 12 décembre 2020
Proposé par voyons voir art contemporain et territoire
Savonnerie du Midi, Marseille
Exposition réalisée avec le soutien de la DRAC PACA dans le cadre du dispositif Art et Mondes du travail initié par le Ministère de la Culture

Exposition personnelle

Jérémie Setton explore les enjeux de la peinture et en questionne les limites.
Lorsqu’il découvre, durant sa résidence à la Savonnerie du Midi, que le maître savonnier nomme « retable » son outil principal de travail, l’envie de s’en saisir apparait immédiatement. Le retable c’est donc, pour le maître savonnier, cette « rames » avec laquelle il casse la croute du savon au fond des chaudrons ou avec laquelle il prélève des échantillons de matière pour jauger l’avancement de la cuisson. Mais pour l’artiste les retables sont évidemment les tableaux polyptyques qui ornent les églises derrière les autels et représentent l’histoire des Saints.
Jérémie Setton imite le geste habile du maître savonnier avec une multitude de « rames » taillées grossièrement dans des bois récupérés dans les industries locales des Aygalades. Mais en plongeant ces objets dans le savon en ébullition ce geste devient celui d’un peintre qui recouvre les panneaux de bois de matière colorée aux multiples textures.
Ce retable des Aygalades peut se lire autant comme un polyptyque pictural que comme un hymne au monde ouvrier. Chacun de ses éléments renfermant sa propre histoire qui peut être imaginée par l’observateur attentif.



Là-bas
Téléscope, miroirs, salle des chaudrons

Visible dès l’entrée, la lunette d’observation astronomique révèle, par un jeu de miroir, l’intérieur des cuves dans lesquelles est produit le savon. À travers l’oculaire, cette matière mouvante ressemble à de la roche en fusion observée à la surface de deux planètes inconnues, l’une blanche, l’autre sombre. La matière du savon, couleur informe, dont on suit le mouvement dans une vidéo se confond avec la matière de la peinture. L’artiste, en permettant une vision normalement impossible au visiteur de l’usine, nous indique également la jouissance première de la couleur, antérieur à l’oeuvre peinte.

Photo ©Jean christophe Lett

Photo ©Jean christophe Lett












Retable des Aygalades
Bois, issus des industries, récupérés dans le quartier des Aygalades
(palettes, coffrages, étagères…)
et savon de Marseille (beige et olive)
Dimentions variables (environ 250 x 250 cm)











Semmelweis
eau savonneuse sur panneau de ciment

Il s’agit d’un dessin fait au pinceau, à l’eau savonneuse, d’après une photographie du 19ème siècle, sur un support de ciment gris mat. L’image évanescente du médecin maudit est donc constituée du résidu gras du savon - à l’huile de lin - qui tache le support de ciment, après l’évaporation de l’eau. Ce procédé, produit une image «évaporée» qui donne l’impression d’apparaître ou de disparaître, m’a semblé juste pour rendre compte de la vie de Semmelweis et de la trace qu’il a laissé dans l’Histoire. Fin observateur, pionnier de la médecine moderne, féministe avant l’heure, Ignace Semmelweis a pourtant un destin tragique et n’accèdera jamais à la reconnaissance. Ma résidence à la Savonnerie du Midi a été retardée à cause du 1er confinement dû à la pandémie de Covid 19. Durant cette période, le savon (et celui de Marseille en particulier) a quitté son image essentiellement pittoresque pour devenir la seule arme (à l’époque) contre la pandémie. Mes recherches en ont été subitement bouleversées. Ignace Semmelweis (1818 – 1865) est un médecin obstétricien hongrois qui œuvra pour l’hygiène des mains. À l’hôpital de Vienne, les étudiants en médecine passent quotidiennement des salles d’autopsies aux salles d’accouchements, entraînant 25% de mortalité des femmes par infection. Semmelweis démontra que le lavage des mains diminuait considérablement les décès post-accouchements. Rompant avec les croyances scientifiques de son époque, Semmelweis est rejeté par ses pairs et meurt oublié dans un asile psychiatrique.










Médecine douce
installation vidéo











gravures
« Gravure sur retable métallique » et « tirages de gravure sur papier ».



















_
retour