Vous restez pour dîner?


9 mai – 18 juillet 2015
MAC Arteum, Châteauneuf-le-Rouge

Avec : Absynthe & Paprika, Agapanthe : Konné & Mulliez, Dominique Angel, Marielle Chabal, Ymane Fakhir, Louise Germain, Paul-Armand Gette, Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud, Natacha Lesueur, Saverio Lucariello, Jérémie Setton, Laurent Védrine : chronique archéologique d’un banquet de Daniel Spoerri



Gelée anglaise
vidéoprojecteur monté sur ressorts, mouvements du visiteur, projection d'une image d'un "Spot painting" de D. Hirst sur acrylique sur panneau, tissu noir, 2015

Gelée anglaise : mouvements lorsqu'un visiteur marche à proximité.









Retraits
aquarelle sur panneau mélaminé, 110 x 120 cm, 2007





Cette grande aquarelle verte est issue d’une série d’études qui visait à associer à la trace du pinceau n°1 une sorte « d’unité de la représentation ». C’est devenu « le brin d’herbe ». Cette peinture est donc à voir comme une accumulation de traces lisses (chaque empreinte du pinceau aquarellé fait fondre la trace précédente et laisse apparaître la clarté du support blanc mélaminé). Elle s’impose aussi comme un carré d’herbe au fort réalisme avec l’image en creux d’un corps qui se serait tout juste retiré. L’herbe épaisse entoure l’herbe aplatie, indice d’un rendez-vous sur l'herbe manqué ou d’un geste de peintre mille fois répété.



Etude de noix
tempera (jaune d'œuf et brou de noix) sur papier, 24 x 32 cm, 2006





Trace de noix
tempera (jaune d'œuf et brou de noix) sur papier marouflé sur toile, 80 x 98 cm, 2006





Toroni à la noix
tempera (jaune d'œuf et brou de noix) sur papier marouflé sur toile, 60 x 72 cm, 2006







Toroni à la noix
tempon sur mur, 2006 - 2015







Restauration rapide
pinceau de Cézanne (issu de la collection Arteum), emballage alimentaire, parquet Chantilly, 100 x 100 cm, 2015








On aperçoit aussi sur ces images Le Loukoum rose d’Aziyadé de Paul-Armand Gette et Vanitas aux pastèques melon et un chou de Saverio Lucariello
Sont présentées dans l'ensemble de l'exposition, les oeuvres de :
Absynthe & Paprika, Agapanthe : Konné & Mulliez,Dominique Angel, Marielle Chabal, Ymane Fakhir, Louise Germain, Paul-Armand Gette, Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud, Natacha Lesueur, Saverio Lucariello, Jérémie Setton, Laurent Védrine : chronique archéologique d’un banquet de Daniel Spoerri


Texte de Jean-Roch Bouiller, conservateur chargé de l’art contemporain au MUCEM, extrait du catalogue d'exposition Vous restez pour dîner ?
Un lien peut-être encore plus subtil relie les œuvres de Jérémie Setton au thème classique de la nature morte. Interrogeant les fondements de la peinture, il s'est d'abord confronté à toutes les sortes de cuisines picturales qu'on peut imaginer : avant l'usage généralisé, dès la fin du XIXe siècle, de peintures toutes faites, les ateliers d'artistes étaient avant tout des laboratoires de fabrication de matériaux pour la peinture, à partir de recettes plus ou moins secrètes ou répandues, faisant largement appel à des ingrédients alimentaires (œuf, farine, colle de peau, de poisson, huile...) Que ses études de noix de 2006 soient réalisées à partir de jaune d'œuf et de brou de noix n'est donc pas totalement anodin : c'est une manière pour lui de reprendre à zéro la pratique de la peinture, la question du réel et de sa représentation. Que ces cerneaux hésitent entre abstraction et figuration d'éléments du cerveau humain n'indiffère pas non plus tout à fait : ils explorent ainsi deux voies possibles et opposées de l'histoire de l'art, qu'ils tentent ici de réconcilier. Une certaine vanité réside peut-être aussi dans le geste répétitif et vain de l'artiste non figuratif... Autre tentative de réconciliation et d'ambivalence réalisée spécifiquement pour l'exposition : son installation interactive intitulée Gelée anglaise superpose la projection d'une image de peinture abstraite sur une réelle peinture abstraite de même composition. Elle fait hésiter le spectateur entre l'évocation d'un célèbre dessert anglais et la peinture d'un non moins célèbre artiste britannique contemporain. La gelée anglaise et la peinture de Damien Hirst ont en commun de ne pas faire l'unanimité, suscitant adoration ou suspicion et suggérant cette double impossibilité de trancher entre abstraction et figuration, entre bon et mauvais goût.



_
retour