Égarement
du 15 juin au 20 octobre 2013
Domaine départemental du château d’Avignon, Sainte Marie de la Mer
(Avec le Conseil Général des Bouches du Rhône, le FRAC PACA et Marseille Provence 2013)
Avec : Francis Alÿs, Marie Aerts, Dominique Angel, Martin Baas, Christophe Berdaguer & Marie Péjus Lilian Bourgeat, Katinka Bock, Yves Chaudouët, Claude Closky, Martine Feipel & Jean Bechameil Anne Deguelle, Hélène Delprat, Claire Fontaine, Gerlinde Frommherz, Bertrand Gadenne, Sébastien Gouju, Marie Goussé, Rainer Gross, Marie-Ange Guilleminot, Christian Lapie, Arnaud Maguet, Caroline Le Méhauté, Olivier Millagou, François Morellet, Stéphanie Nava, Pascal Navarro, Richard Nonas, Lucien Pelen, Didier Petit, Dominique Petitgand, Françoise Pétrovitch, Javier Perez, Michelangelo Pistoletto, Anne et Patrick Poirier, Markus Raetz, Philippe Ramette, Alain Rivière, Jérémie Setton, Jana Sterback, Marion Tampon-Lajariette Barthélémy Toguo, Felice Varini, Arnaud Vasseux
Avec L’hôte positif et L’hôte négatif, Jérémie Setton offre au Château la pièce manquante de sa collection. En réalisant ce portrait de Louis Noilly-Prat (1845-1932), il prolonge le thème de l’égarement jusque dans sa pratique personnelle et se promène dans l’Histoire de l’Art en reproduisant le geste, volontairement anachronique, d’un sculpteur du 19ème siècle. De Louis Noilly-Prat, nous ne connaissions qu’une photographie, certificat de présence qui crée une ingérence du passé. En sculptant ce buste, Jérémie Setton donne une épaisseur à l’image, rejouant ainsi sa présence au monde, pour mieux l’en abstraire par la suite et questionner le statut des représentations.
Quoique impalpable, la lumière est bien un milieu charnel, une peau, que celui qui regarde une photo partage avec celle ou celui qui a été photographié. Cette «peau de lumière» dont parle Barthes, Jérémie Setton a coutume de la « matérialiser » sur ses oeuvres avec de la peinture produisant ainsi des espaces ou des objets contrariés dans leurs réalités.
Extraits du catalogue d’exposition Egarements, texte de Céline Ghisleri
(Texte intégral à la rubrique "textes")
L'hôte positif
Insolation sur plâtre photosensibilisé à la gomme bichromatée
50 X 48 X 22 cm
Collection du Conseil Général des Bouches du Rhône
Pas un seul témoin n’admettra qu’il s’agit là d’images*
(...)
Dans le hall du château, L’hôte positif semble avoir fixé la lumière « d’un ailleurs » ou « d’un avant ». L’éclairage dans lequel il baigne avec les visiteurs ne semble pas être celui qui se pose sur le visage en plâtre. Le regardeur perçoit ce hiatus lumineux qui provoque chez lui l’impression que le buste, bien que sous ses yeux, existe dans un temps autre. Cette présence ambiguë d’un ça a été, noème de la photographie, Jérémie Setton l’obtient en détournant un procédé photographique ancien, la gomme bichromatée. Dans son atelier, il a fixé une captation de la lumière par le buste photosensibilisé, sur le buste lui-même. Mais déplacé au château, dans la lumière ambiante qui s’ajoute, deux réalités se superposent sur l’objet, l’une recouvrant l’autre, comme dans la mystérieuse invention de Morel : l’image du buste sur le volume réel du buste. Il en demeure chez le regardeur une impression d’étrangeté non élucidée qu’il questionnera à nouveau face au deuxième buste avant de quitter le château.
L'hôte négatif
Acrylique et crayon de couleur sur plâtre, bois, éclairage latéral
Buste : 50 X 48 X 22 cm. Installation 214 X 172 X 220 cm
Pas un seul témoin n’admettra qu’il s’agit là d’images*
(...)
Dans le caveau (du Château d’Avignon) avec L’hôte négatif, Jérémie Setton donne à la figure de Noilly-Prat, une in-visibilité fantomatique. Avant de deviner l’objet réel, le regardeur voit une silhouette grise, dont l’artiste a effacé le volume. Les détails du visage sont absorbés, ils semblent se dérober à notre regard… En éclaircissant les valeurs colorées des ombres par un long travail du pinceau et sous un éclairage constant, Jérémie Setton fait disparaître le modelé de sa sculpture. C’est par ce geste d’effacement que l’artiste nous perturbe dans notre faculté à reconnaître la nature de ce que nous voyons. Le visage de l’hôte se dématérialise sous nos yeux.
Jérémie Setton trouble notre perception et nous confond dans nos habitudes sensibles. Ce que nous pensons plat est en réalité volume, ce que nous distinguons monochrome comporte d’innombrables nuances, ce que nous savons réel se comporte comme une image.
(...) deux réalités se superposent, le volume avec ses ombres et ses lumières naturelles et l’image peinte en négatif sur le buste lui-même. Mais ici ces deux réalités se neutralisent et donne au regardeur simultanément la double sensation de présence et d’absence de la figure.
Modules en boites, n° 5 et 6 - Dans le premier caveau du Château d'Avignon
Acrylique sur bois, éclairage latérale.
Caisson 33 X 46 X 48 cm
Collection particulière
Modules en boite
Ces boites sont tour à tour des espaces d’expérimentation de la forme et de la couleur ou des micro-espaces d’exposition. Les petits modules bifaces qui y sont fabriqués peuvent êtres amenés à êtres réalisés en grand (Cf. Série des Modules Bifaces) ou bien à êtres présentés en leurs points d’équilibre dans la boite elle-même.
Carnets de notes, ateliers de poche, œuvres autonomes, ces volumes permettent une grande liberté de travail en rapprochant le temps du faire de celui de la pensée.
Sur ces petits modules bifaces, principalement en bois, je cherche des rapports colorés qui, placés dans la boite pourvue de son propre éclairage latéral, produisent des impressions de plan, d’effacement du volume. C’est tout un pan de sensations colorées nouvelles qui s’ouvre alors. Ainsi qu’un questionnement sur le plan et sa représentation.
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